Comment font les truites pour survivre lors des périodes de forte sécheresse ?
Une de leurs solutions consiste à se maintenir dans des « refuges thermiques », des poches d’eau fraîche qui subsistent dans la rivière même en pleine canicule.
Le Parc et les associations de pêche locales s’associent pour recenser et préserver ces refuges sur le Chéran, rivière dont le bon fonctionnement est vital pour le massif et ses habitants, en collaboration avec le Syndicat Mixte Interdépartemental d’aménagement du Chéran (SMIAC).

Une clé pour permettre aux espèces de s’adapter au changement climatique

Après un été de canicule, il peut sembler surprenant d’apercevoir des truites dans le lit d’un cours d’eau qui, quelques semaines auparavant, subissait une sécheresse intense. En effet, ces poissons, de la famille des « salmonidés », supportent très mal les variations de chaleur : une hausse de la température de l’eau de quelques degrés peut leur être fatal. Comment expliquer leur survie suite à un été aussi chaud que celui que nous avons connu cette année dans le massif ?

« Les truites, ainsi que d’autres espèces aquatiques, ont plusieurs solutions pour faire face à la hausse des températures », explique Richard Cousin, expert naturaliste au sein du Parc. « Une de leurs solutions consiste à occuper des « refuges thermiques » : ce sont des poches d’eau fraîche qui subsistent dans la rivière même en pleine canicule. » Ces refuges thermiques jouent un rôle primordial dans la préservation des espèces végétales et animales de la rivière, c’est pourquoi le Parc et les associations de pêche du secteur se sont associés pour les recenser et les préserver sur le Chéran.

Refuges thermiques

Une étude inédite en France, dont l’objectif est de cartographier ces refuges à préserver

« Ce travail, dont le Parc est maître d’ouvrage, consiste à étudier les refuges thermiques et le rôle qu’ils jouent dans la continuité écologique* de la rivière », précise Richard Cousin. « Il est mené en parallèle sur le Guiers en Chartreuse. » L’objectif ? Cartographier ces poches d’eau avec précision, puis envisager un programme d’action pour les préserver, voire même les restaurer. « Un important travail de relevé de terrain a été réalisé notamment à l’aide d’une caméra thermique embarquée sur un ULM qui a survolé le Chéran en juillet 2022. Ce procédé permet de relever les températures à la surface de l’eau, de détecter les refuges thermiques, et d’édifier une carte faisant ressortir les différences de températures sur le linéaire de rivière étudié. »

Le coût total de ce projet, mené à la fois sur le Chéran et sur le Guiers, s’élève à 160 000 euros HT, financés à 70% par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, à 20% par les associations de pêche et à 10% par la Région.

Inédit en France, ce travail a déjà été initié au Québec, comme nous l’explique Pascal Grillet, président de l’association de pêche du Haut-Chéran : « Il y a eu la même question qui s’est posée au Québec avec des rivières à saumon : nous avons donc sollicité des chercheurs canadiens, qui ont travaillé sur une cartographie thermique très précise de certaines de leurs rivières, et qui ont ainsi réalisé que les saumons arrivaient à survivre en se réfugiant dans ces poches d’eau fraîche. C’est certainement une des clés pour permettre aux espèces de s’adapter au changement climatique : nous devons donc être capables d’identifier ces refuges et de les protéger. »

Cette carte pourra servir de support lors de projets d’aménagement, et permettra d’identifier les zones sensibles à préserver. Elle viendra également compléter l’étude « volumes prélevables sur le Chéran » en cours, menée par le SMIAC, dont l’objectif est de parvenir à un plan de gestion de la ressource en eau partagé entre tous les acteurs et usagers du bassin du Chéran, dans un contexte de changement climatique de plus en plus prononcé. 

*la continuité écologique d‘un cours d’eau consiste en la circulation des espèces sans entrave (ex : barrage, seuil, digue, etc.) et le bon déroulement du transport des sédiments.

Vous souhaitez agir pour préserver les cours d’eau ou pour une meilleure prise en compte des milieux aquatiques dans les projets d’aménagements de votre commune ? Le Parc et le SMIAC peuvent vous aider !

CONTACT : Baptiste DECAESTECKER, chargé de missions/études GEMAPI pour le SMIAC  : baptiste.decaestecker@cheran.fr

CONTACT : Richard Cousin, Chargé de mission milieux naturels et expertise naturaliste : 06 22 48 78 11, r.cousin@parcdesbauges.com.

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